La Vigne de Clochemerle

A Vigne À Mareil

 

Au IV° siècle, les vignes faisaient déjà partie du paysage autour de Lutèce. Or le coteau de Mareil-Marly, grâce à son exposition et à la nature de ses sols, était prédestiné à attirer la culture de la vigne. Dès la fin de l’époque romaine, la vigne fut donc exploitée à Mareil et devint la principale culture du village, couvrant près de la moitié de la superficie agricole. Le vignoble de Mareil approvisionnait la Normandie, la Picardie et Paris.

Le rôle des abbayes dans l’extension des vignes de France fut considérable : en particulier celles de Saint- Denis, et surtout dans la région de Mareil, de Saint-Wandrille qui avait un établissement à Port Aupec.
            Les Mérovingiens, déjà, possédaient des vignes à Mareil-Marly puisque Childebert III en avait fait don vers l’an 700 à l’abbaye de Saint-Wandrille.  Les vignes de Mareil paraissent avoir été considérables au VIII° siècle.
            En 748, sous le roi Childéric III, Pépin, Maire du Palais, adjugea à l’abbaye de Saint-Denis « un manoir, maison, vignes, terres et autres biens » situés à Mareil.

Le roi Louis VII (1120-1180) confirma la donation de Childebert III et le  document comprend la dîme du vin sur le territoire de Mareil : « Et in Marolio census et decimam vinerarum. ».

            Une des grandes fêtes de Mareil était la fête de la Saint-Vincent, patron des vignerons, le 22 janvier. Jadis, les groupements de vignerons formaient des confréries de Saint-Vincent. L’existence de l’une d’entre elles à Mareil a été prouvée en 1635, sous le règne de Louis XIII..

Après la messe, « les fidèles allaient en procession dans les rues du village avec la bannière de Saint-Vincent et les membres du clergé, en demandant au bon saint de protéger les vignes de gelées qui sont redoutables au printemps. » nous rapporte M. Pierre Laporte, vigneron et descendant de vignerons à Mareil.

Statue de Saint Vincent, patron des vignerons  (église de Mareil-Marly)

            Pendant la Révolution, le blason de Mareil-Marly représentait une grappe de raisin, c’est dire l’importance de la vigne pour notre village.           

En effet, depuis le VIII° siècle jusqu’à la fin du XIX°  siècle, la vigne fut la principale ressource des Mareillois, car le vin de Mareil était très prisé. Même Gérard de Nerval y fait allusion dans «  GAIETÉ » (Petits châteaux de Bohême) :

« Petit piqueton de Mareuil

Plus clair qu’un vin d’Argenteuil

Que ta saveur est souveraine ! »

Jusqu’au XIX° siècle la culture de la vigne fut de beaucoup la plus importante à Mareil :

« Le territoire, d’une surface de trois cent cinquante arpens (à vingt-deux pieds pour perche), mesure ancienne est divisé en terres argileuses sablonneuses et en gravier. La moitié du sol est plantée en vignes, un quart en bois et le reste est livré au labourage et à la culture des légumes. » Histoire de la ville et du château de St. Germain-en-Laye: suivie de recherches historiques sur les dix autres communes du Canton Par Abel Goujon, Charles Odiot  Publié par impr. d'A. Goujon, 1829          

Les vignes étaient surtout cultivées sur les terroirs des Champs Droux, des Graviers, du Cheval, des Violettes, des Sablons Noirs, des Doigts et des Egarées.b           

    L’instituteur de Mareil écrit en 1899 : « Autrefois, et jusqu’en 1874, étaient plantés 20 000 ceps par hectare de vigne, telle quelle et cultivée de même.... Il s’agissait de ce que l’on appelait alors la « vigne mêlée ».

    Les ceps, qui étaient donc dans les temps anciens plantés sans ordre, furent par la suite plantés en lignes parallèles et liés à des échalas de bois de châtaignier.

      Vers 1878, le tiers de la commune, c’est-à-dire 60 hectares, était encore planté en vigne et la récolte annuelle était d’environ 2 500 hl.

       Malheureusement, deux événements vinrent bouleverser l’histoiredans les années 1880 :

les vignobles furent victimes de plusieurs maladies (phylloxera, mildiou, oïdium) ce qui affaiblit considérablement le vignoble de Mareil : il fallut arracher certaines plantations. Certains viticulteurs reconstituèrent leurs champs à l’aide de plants greffés sur des plants résistant aux attaques des insectes, mais la production s’étiola pour ne devenir plus que marginale après les gelées de 1921.

- le développement des chemins de fer permit de déverser sur Paris et son agglomération les vins rouges du Languedoc qui succédèrent dans la faveur des gens aux « petits vins » d’Ile-de-France.

Les dernières vendanges eurent lieu en 1978.

       Afin de maintenir vivant ce patrimoine viticole, dans le cadre d’une opération de « jumelage » avec le village de Vaux-en-Beaujolais, surnommé Clochemerle, une rangée de vigne a été replantée en 1991 sur un terrain situé rue de Port-Marly. Une opération festive de vendanges a même été organisée avec les enfants des écoles durant quelques années après cette plantation.          

       Un vieux hangar, rue du Louvre, avec un alambic de 1927, rappelle la présence d’une distillerie coopérative. En 1982 les alambics mobiles furent remplacés par un alambic fixe.

      C’est ainsi que, dans France-soir, en 1990, un article parut, intitulé « Les derniers rois de l’alambic » où il était dit qu’à Mareil-Marly, on trouvait  « les bouilleurs sédentaires les plus proches des tours de Notre-Dame ».-

A la fin du 19° siècle, certains viticulteurs se lancèrent dans la culture des arbres fruitiers (poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers) et des « fruits rouges » (groseilliers, framboisiers, fraisiers).